Vidéo : comment passer du format mini DV à l'AVCHD ?
Le dilemme de l'amateur
Publié le 13/12/2009 - Mis à jour le 10/11/2012 par Jean-Paul Figer
- Comparaison des formats AVCHD et DV
- Le transfert sur PC pour le montage
- Le Montage
- Le stockage
- Conclusion
Je fais de la vidéo amateur depuis 1975. J'ai successivement utilisé des bandes analogiques 1/2" EIAJ puis des cassettes Umatic 3/4" et enfin les bandes mini DV. Les progrès des supports de stockage permettent enfin de remplacer le support bande -toujours très fragile-, par des cartes mémoires SD. C'est de la mémoire flash comme dans les clés USB. Il n'y a plus de pièces mécaniques en mouvement dans le caméscope. Aui fur et à mesure de la baisse des prix et de l'accroissement des capacités de stockage, ce type de mémoire est en train de remplacer tous les supports amovibles (disquettes, CD et DVD) sous le nom de clé USB, les disques durs sous le nom de SSD ou de cartes mémoire SD ou SDHC.
J'ai donc décidé de remplacer ma caméra DV Sony DCR-VX2000E par un caméscope sans bande magnétique, DVD ou disque dur mais avec une carte mémoire interne sans pièces mécaniques en mouvement. Malheureusement, tous les nouveaux matériels grand public ne proposent plus le format DV mais un nouveau format AVCHD destiné à permettre l'enregistrement HD, nouvelle norme numérique de diffusion de la télévision. Je n'ai donc pas eu le choix et j'ai acheté le Panasonic HDC-TM300, un caméscope "Full HD" équipé d'une mémoire interne de 32 Go avec en option une carte mémoire SDHC amovible jusqu'à 32 Go. La durée d'enregistrement varie de 4 heures à 12 heures selon la qualité choisie pour un support de 32 Go.
Le but de cet article est d'expliquer les problèmes posés au vidéaste amateur qui souhaite faire du montage par le passage du format DV à l'AVCHD. La conclusion est simple : il faut TOUT changer depuis les matériels jusqu'aux logiciels de montage. Voici pourquoi dans le détail :
Comparaison des formats AVCHD et DV
Le format AVCHD [Advanced Video Codec High Definition] est un format pour enregistrer et lire des vidéos en Haute Définition (1920x1080). Il a été développé en 2006 par Sony et Panasonic pour équiper des caméscopes sans bandes magnétiques (DVD, disques durs ou cartes mémoires) avec le souci de rester compatible avec le format des disques Blu-ray (BD).
AVCHD utilise pour la vidéo la compression MPEG-4 AVC/H.264 et pour le son la compression Dolby-AC3 6 canaux (5.1) ou Linear PCM jusqu'à 8 canaux (7.1) comme les disques Blu-ray.
Le format DV permet d'enregistrer de la vidéo standard DVD (720x576) avec un son stéréo.
La compression de la vidéo
Le format 16/9 utilisé pour la télévision dit "Full HD" est 1920x1080i pixels à 25 images par seconde. Le i veut dire entrelacé [interlaced] ce qui indique que l'on traite 50 fois par seconde deux demi-images : successivement une qui ne contient que les lignes paires, la suivante que les lignes impaires) Cette technique est la même que celle utilisée par le format DV PAL 720x576 qui traite 50 fois par seconde deux demi-images (lignes paires puis lignes impaires). Cet entrelacement donne une meilleure fluidité aux images avec des mouvements rapides sur les téléviseurs. En effet, on affiche 50 images par seconde en remplaçant chaque fois la moitié des lignes. Cet entrelacement posait d'énormes problèmes au montage. Voir une explication visuelle excellente (en anglais) ici. Il fallait désentrelacer pour lire convenablement sur des écrans de PC. En 2009, presque tous les logiciels de lecture sur PC savent désentrelacer à la lecture.
Le format HD contient un nombre théorique de 2 073 600 pixels (1920x1080) soit environ 5 fois plus que pour le format standard DV de 414 720 pixels (720x576). Ceci justifie le terme HD (haute définition). Il faut 24 bits pour représenter la couleur d'un pixel et 25 images par seconde soit un débit théorique de plus de 1.2 Gbit/s (1920*1080*24*25) pour transmettre les images HD. Ce débit est beaucoup trop élevé pour les équipements dont nous disposons. Il faut donc compresser fortement le signal et c'est là qu'intervient le codage MPEG-4 AVC/H.264 cité plus haut. Sans entrer dans les détails, cette compression permet de réduire le débit à 18 Mbit/s pour la meilleure définition fournie par la caméra ou à moins de 1 Mbit/s pour une qualité normale sur YouTube. Les taux de compression extraordinaires de 100 à 1000 sont obtenus par des traitements informatiques complexes sur des séquences d'images qui nécessitent des puissances de calcul très élevées. Par comparaison, le DV comprime image par image avec un taux de compression de l'ordre de 10 ce qui donne en sortie un débit de 25 Mbit/s.
C'est la première mauvaise nouvelle. Pour faire du montage ou compresser en MPEG-4, il faudra sans doute remplacer votre PC par une machine très puissante. J'emploie un Intel Core i7, processeur 64 bits à 4 coeurs qui permet de compresser mieux qu'en temps réel en mpeg-2 et seulement à 1/6ème du temps réel en mp4 HD.
La compression du son
Le système de compression du son utilisé par AVCHD est le Dolby-AC3. C'est 6 canaux sons dont 5 complets (20 Hz-20Khz) et un pour le caisson de graves (<120 Hz) d'où l'appellation 5.1. Après compression il nécessite un débit de 448 Kbit/s pour une fréquence d'échantillonnage à 48 KHz.
Pour le DV, le son stéréo n'est pas comprimé avec une fréquence d'échantillonnage de 48 KHz sur 16 bits identique à celui de l'AVCHD. Le débit du son DV est donc de 16*48000*2 soit environ 1.5Mbit/s.
En conclusion, et c'est une bonne nouvelle, malgré une définition d'image 5 fois plus détaillée et 6 canaux son au lieu de deux, l'AVCHD produit des fichiers comprimés de taille inférieure à ceux du DV, ce qui réduit le volume de stockage nécessaire et en facilite la lecture. En revanche, il faut une grande puissance de calcul pour réaliser cette forte compression.
Le transfert sur PC pour le montage
Le transfert sur PC et l'enregistrement des images n'est plus possible en temps réel via un câble IEEE1394 (iLink) comme avec le DV. Il faut toujours enregistrer dans la mémoire de la caméra et transférer ensuite. L'enregistrement des données dans la mémoire interne ou sur la carte amovible se fait dans une structure de répertoire proche de celle du disque Blu-ray. Un menu, fabriqué automatiquement avec des images vignette pour chaque séquence facilite la relecture sur la caméra.
Pour transférer, il y a deux méthodes :
- Enregistrer sur la carte mémoire amovible puis l'extraire pour l'insérer dans le lecteur de carte d'un PC. C'est instantané.
- Transfèrer les fichiers entre la caméra et le PC par une liaison USB 2.0
Dans les deux cas, on est gagnant puisqu'on n'a pas à relire la bande vidéo à la vitesse normale de la prise de vue. Le temps de transfert est donc très réduit.
Comme ce n'est pas un seul fichier .avi comme pour le DV, mais un répertoire, l'ensemble des données est transmis sous la forme d'un flux de transport Mpeg multiplexé, les fichiers M2TS. Il faut noter que je déconseille l'usage du logiciel de transfert fourni par le constructeur Panasonic, HD writer AE 1.0. Ce logiciel, censé simplifier les opérations, est d'une ergonomie douteuse. Il ne permet pas de faire correctement du montage. Il est beaucoup plus simple de recopier les répertoires des cartes mémoire à partir de l'explorateur de fichiers comme pour tout support externe ou de les exporter avec le logiciel de montage décrit ci-après.
Le Montage
C'est là que les problèmes commencent. Seules les dernières versions des logiciels de montage DV supportent l'AVCHD. Par exemple, il faut chez Adobe les versions Premiere Pro CS4 ou Premiere Elements 7. Pour Pinnacle Studio, c'est à partir de la version 11 et pour Nero à partir de la version 8 que l'AVCHD est disponible. Et toutes ces versions ont besoin d'une machine puissante.
Il existe une solution qui consiste tout simplement à transcoder les fichiers AVCHD en format DV et à continuer à monter comme avant. On ne bénéficie pas de l'amélioration de la qualité du son et de l'image. Si les vidéos sont destinées à finir sur Youtube, cela n'a pas d'importance.
Comme la mise à jour de version coûte presqu'autant que l'achat d'une nouvelle version, j'ai décidé de refaire un test comparatif des solutions de montage existantes, la quasi-totalité des logiciels de montage offrant une version de test gratuite valable 14 ou 30 jours.
On voit souvent beaucoup de comparatifs de produits qui comparent des fonctions, pas des usages. ce qui n'a pas beaucoup de sens. On fait souvent plus et plus vite avec un outil simple qu'on maitrise qu'avec un outil chargé de complexités inutiles.
Le montage est une activité qui prend beaucoup de temps, même en amateur. Je cherche donc un logiciel qui me simplifie la vie sans avoir à se souvenir de manipulations complexes car je ne fais pas ça tous les jours. Je souhaite aller au-delà du simple couper coller pour travailler facilement, à l'image près, le son et la vidéo quand c'est nécessaire. Je souhaite aussi pouvoir mélanger différents formats sans avoir à faire de conversions au préalable.
La version Vegas Movie Studio 9 Platinum est arrivée largement en tête. Avec une version téléchargeable à 75 euro TTC, c'est un outil très simple d'emploi qui a toutes les fonctions utiles à l'amateur éclairé. Il faut quand même lire la notice car certaines fonctions sont bien cachées sous la simplicité apparente. Ce logiciel est particulièrement performant car la plupart des opérations qui prennent du temps de calcul sont non-bloquantes pendant le montage. On n'attend jamais et le résultat est visible immédiatement. En moyenne, je vais deux fois plus vite qu'avant.
Les fonctions de compression finale sont optimisées. On ne compresse pas à nouveau si ce n'est pas nécessaire. Pour la première fois, la production de la vidéo finale prend moins de temps que la durée réelle avec un Intel Core i7 64 bits à 4 coeurs. Movie Studio 9 Platinum fonctionne aussi bien en DV qu'en AVCHD ce qui simplifie la transition avec les vidéos existantes.
Le montage son natif en Dolby-AC3 est aussi assez simple. Comme tous les logiciels évolués, on peut ajouter à volonté des filtres et des plug-ins pour des fonctions particulières.
A noter aussi que j'ai fait tous mes tests sous Windows 7 sans rencontrer de problèmes particuliers.
Le stockage
J'avais déjà expliqué dans mon article précédent que la meilleure solution de stockage devenait le disque dur. Ce qui était vrai est encore plus vrai en 2009 puisque le teraoctet (1To = mille milliard d'octets) est tombé en dessous de 100 euro TTC. Comme on peut stocker 200 DVD par To, le coût de stockage réutilisable d'un DVD est de 50 centimes d'euro ou un euro si on compte une copie de sauvegarde. Je conserve mes montages sous la définition maximum (DV ou AVCHD) et je produis des versions plus réduites en fonction des besoins, soit en mpeg-2 ou en mpeg-4, divx, flv ou autre.
Un lecteur qui passait du DV à l'AVCHD m'a demandé comment convertir ses fichiers DV en AVCHD. En utilisant le logiciel Sony Vegas Movie, il suffit de créer un projet AVCHD 1440x1080 et de "faire un film" à partir du fichier DV. La mauvaise nouvelle, c'est la durée de la conversion qui prend deux à trois fois le temps réel de la video à convertir. La bonne nouvelle, c'est que la taille du fichier résultant est 6 fois plus petite que celle du fichier DV sans perte visible de qualité.
Conclusion
C'est bien ce que j'annonçais au début. Le passage à l'AVCHD oblige à changer de matériel de prise de vue - normal -, à changer de PC pour un 4 coeurs, à changer ou mettre à jour le logiciel de montage. Il est aussi souhaitable d'utiliser des écrans 16/9 et des câbles de raccordement (HDMI). Ce passage est malheureusement inéluctable car l'abandon de la télévision analogique au plus tard le 30 novembre 2011 au profit de la TNT HD va accélérer ce mouvement. Espérons que ces nouveautés seront là pour durer et que des innovations douteuses comme la TV en 3D ne vont pas ultérieurement compliquer la vie.
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